Chronique d’humeur et d’hommage à Toni Kroos et Cristiano Ronaldo.
Je suppose que beaucoup d’entre vous, n’ont jamais assisté aux obsèques où les morts sont plus nombreux que ceux qui doivent les enterrer. Mais surtout, où l’oraison est faite, par les morts, et ceux qui doivent les enterrer savourent les mots, les derniers mots qu’ils entendront d’eux, puisque devant être enterrés. Chacun a eu donc ce vendredi, les mots les plus touchants, pour l’éternité de deux footballeurs, qui nous enterrent malgré nous. Nous n’avions jamais pensé que ce moment arriverait, lorsqu’on sera obligé d’accepter notre mort, de ne plus voir les courses et les dribbles de Ronaldo, ou les passes millimétrées du meilleur passeur de la Coupe du monde 2014, Sir Toni Kroos.
Le plus dramatique et le plus curieux, c’est qu’ils ont décidé de nous enterrer le même jour, dans le même pays, en nous laissant dans le Quart…qui part ! Notre séjour sur la terre de leur talent est terminé. Notre visa d’entrée dans l’intimité féerique de leurs performances avec leurs sélections nationales respectives est arrivé à expiration, nous voilà priés de prendre la sortie, vers le cimetière, où nous allons retrouver beaucoup avant nous, qui ont été eux aussi enterrés par les Figo, Matthaus, Sammer, Beckenbauer, Rummenige, Deco, Eusebio et autres… Généralement, l’éloge funèbre magnifie les actes des défunts sur terre. Permettez donc, que nous parlions de ce qui va nous manquer dans l’au-delà.
Nous n’allons plus voir, réuni en un seul joueur, la capacité de jouer des deux pieds, d’alterner passes longues et courtes avec les deux pieds, « l’archétype du milieu de terrain moderne », comme le décrivait le journaliste britannique Jonathan Wilson. Ce n’est pas un hasard, s’il détient donc, le pourcentage des passes réussies dans les cinq grands championnats européens. Nous allons devoir supporter les bricolages des gadgets marketing modernes abusivement appelés légendes du football. Meilleur passeur du Mondial 2014, voici ce que disait Maître Johan Cruyff de Toni Kroos : « Il fait tout correctement : le rythme de ses passes est excellent et il voit tout. C’est presque parfait ». Après avoir lu cela, on peut mourir en paix ! Que la sphère de nos applaudimètres nous soit légère !
Ce qui va nous manquer, c’est le talent arrogant de Ronaldo, qui nous donnait envie de le haïr, mais dont l’éclat nous imposait la reconnaissance. Nous avons tellement mis de l’énergie à le comparer aux autres, qu’on ne s’est pas rendu compte, qu’il était un être sans duplicata. Nous avons donc été durs et injuste, pour un profil qui n’a jamais existé avant lui à ce niveau, et qui aura du mal à se réincarner. La différence entre lui et les autres, c’est qu’on peut retrouver dans le passé, des joueurs ayant le style des autres, mais on ne trouvera personne qui lui ressemble. Par le talent et l’égo correspondant à ce talent.
Nous voici donc, invité à laisser tout cela sur la Terre des vivants, pour aller au séjour des morts, où les joueurs les plus chers, sont les plus merdiques sur les pelouses. Ne suivez pas mon regard ! Permettez donc aux pleureuses de circonstances de faire leur deuil : « Ohhh Ronaldo ! Tu nous laisses partir pour voir qui ? Ayoo Ronaldo ! Tu nous laisses entre les mains de Kolo Muani ? Ateeee nous voulons rester, même si tu joues avec la canne. Libère nous des Thuram et des Dembélé… nous n’allons pas supporter ohhhhh ! Ayoooooo le football est fini ». Vous savez que dans les deuils, chacun pleure ses propres douleurs.
Leurs destins étaient tellement liés, que Kroos a totalisé 35 titres dans sa carrière, et Ronaldo 36. Une égalité presque parfaite, jusqu’au pied de la tombe, où ils ont décidé de nous enterrer. Eux, s’en vont au ciel, où siègent les Dieux du football. Espérons que les Lamine Yamal, Musiala, Nico Williams, Pedri, Mbappé et autres, ont attrapé un bout de manteau de leur talent, comme Élisée l’avait fait avec Eli, pour garder les survivants, dans les grâces des belles soirées européennes ! Vous êtes bénis !
Martin Camus MIMB