Aucune victoire depuis le début de la phase éliminatoire. Le sursis de la Can n’a pas pansé les blessures. Il y a une explication.
L’incompréhensible défaite des Super Eagles face au Bénin
Il est quand même difficile d’accepter en jetant un coup d’œil sur la feuille de match entre le Nigéria et le bénin, d’accepter ou de comprendre la défaite des Super Eagles. L’excuse ne peut pas se réduire à l’absence de Victor Oshimen, leur sérial buteur pour blessure, sinon on poserait la question de savoir où il était passé les matches précédents. Cela ne peut en plus pas être une excuse, parce que sur le terrain, on a quand même d’autres noms qui peuvent faire trembler n’importe quel adversaire. Au premier rang, Ademola Lookman, récent vainqueur de l’Europa League avec Atalanta Bergame, en s’offrant au passage un triplé historique. A lui seul, il doit pouvoir faire le boulot. Mais il n’est pas seul ! Dans cette équipe nigériane qui affrontait le Bénin au stade Felicia de Cote d’Ivoire, parce que les stades béninois n’ont pas obtenu l’homologation de la Fifa, il y avait aussi, Victor Boniface, tout feu tout flamme avec le Bayer Leverkusen, récent champion d’Allemagne, ou même le milanais Chukweze et le niçois Terem Moffi. Comment avec un tel effectif, le même qui a été finaliste de la dernière Can, cette équipe a été incapable de faire plier la modeste équipe du Bénin, en plus orphelin de son public.
Sans rien enlever à cette équipe béninoise, ce n’est pas elle qui est métamorphosée. C’est le Nigéria qui ne va pas bien, puisque depuis le début de cette campagne, il n’a gagné aucun match. Même le Lesotho, est désormais devant lui, sans parler du Rwanda. Il y a quelque chose d’incompréhensible, une mauvaise atmosphère qui n’a pas pu ou su bénéficier du parfum de la Can.
Fédération Nigériane en Désarroi : Retour sur la Démission de Peseiro
Il y a d’abord eu ce départ surprise de José Peseiro, l’entraineur qui a conduit les Super Eagles en finale de la Can, après seulement 22 mois de travail. Même s’il est parti avec des mots de reconnaissance, il n’avait surtout pas oublié la déclaration forte d’un éminent membre de la fédération nigériane, lorsqu’à ses débuts, il a enchaîné cinq défaites sur sept matches. La presse s’en était fait l’écho, et à chaque conférence, la question lancinante revenait : « Allez-vous démissionner ? ». Il ne s’est donc pas senti soutenu par sa fédération, et son départ, était un pied de nez à celle-ci, alors qu’il avait bâti un groupe solide à la Can. Nse Essien, membre du Comité Exécutif avait alors lâché : « Si nous avions l’argent (pour payer ses indemnités), nous serions prêts à le démettre de ses fonctions, nous ne sommes pas contents ». La fédération n’a pas eu de patience dans ses sorties, se montrant totalement désespérée, avant que la Can ne vienne leur montrer les réelles compétences de celui qui se faisait appeler « Coach démocratique ». Et pour montrer les atermoiements illimités de la fédération nigériane et les conflits en interne qui la déchire, elle a attendu longtemps, trop longtemps même, et inutilement, pour aboutir à une décision qui pour tous, était une évidence. Peseiro jette l’éponge le 2 mars. Mais c’est le 30 avril pratiquement, que la fédération désigne Georges Finidi comme son successeur. Il était déjà adjoint de Peseiro.
Pourquoi avoir attendu autant de temps, pour aboutir à cela, mettant l’équipe en retard pour la préparation, et sachant pourtant qu’elle avait mal démarré la campagne des éliminatoires. Voilà l’élément de perturbation supplémentaire, qui n’a pas aidé Finidi, à relever la tête. Tel que c’est parti, il faudra plus qu’un exploit, un parcours sans faute pour la suite, pour espérer revenir en scène. Il faudra auparavant, aseptiser une fédération en proie à tous types de querelles dissimulées.
L’Instabilité Chronique de l’Encadrement des Super Eagles
Il faut noter que depuis le départ de l’entraineur allemand Gernot Rhor, qui était d’ailleurs sur le banc du Bénin qui l’a terrassé, depuis son départ en 2021, après cinq ans passés sur le banc, l’encadrement des Super Eagles est d’une instabilité chronique. Augustine Eguavon a tenu à peine un an, Peseiro a tenu 20 mois, et rien ne dit que Finidi qui vient d’arriver, aura le bénéfice de la patience de l’institution fédérale. L’un des habitués africains de la Coupe du monde, six participations, est en passe de manquer l’édition la plus élargie, qui offre neuf places au Continent africain. C’est peut-être aussi, la fin de saison des cadors, et l’émergence d’une nouvelle race de mastodontes du football. Difficile d’attaquer cette thèse avec des arguments solides, quand dans le groupe C des éliminatoires, on voit le Benin, le Lesotho ou le Rwanda, devant le Nigéria.
Martin Camus MIMB