Cela fait quatorze ans que la Coupe d’Afrique des Nations de football, connait une instabilité de date et de lieu. Avec la « rumeur » de report de la Can 2025, au début d’année 2026, malgré le démenti sans convictions de la Caf, on vient d’avoir la certitude, que cette compétition n’aura plus jamais de stabilité, parce qu’elle a vendu son âme en 2010 !
Ce n’est pas une « rumeur » anodine.
La Confédération Africaine de football, sait qu’il est impossible que la Can 2025, ait lieu aux dates prévues. Parce qu’elle n’a plus de personnalité suffisante, depuis quelques temps déjà, pour bousculer le calendrier international, ou même imposer sa volonté. Simplement, elle n’a pas apprécié d’être devancée par la presse africaine, qui n’a qu’interprété les propos, on ne peut plus limpides, de son propre Secrétaire Général, Veron Mosengo-Omba chez nos confrères de BBC. Il avait déclaré je cite : « Nous pourrions jouer la Can après la Coupe du Monde des clubs, mais est-ce que ce serait dans l’intérêt des joueurs, qui ont joué toute la saison, d’aller en Amérique pour revenir participer immédiatement à la Can ensuite ? » Faut-il être devin pour acter le report ? A quoi joue sincèrement la Caf ? Le drame dans cette approche du Secrétaire Général, c’est de donner l’impression, que ce report qui s’annonce, est lié à une compétition qui vient de voir le jour, la Coupe du monde des clubs, à laquelle prendront part Al-Ahly, Wydad, Esperance de Tunis et le Mamelodi Sundowns…alors que depuis quatorze ans, la Can n’a plus jamais connu de stabilité, parce que la Caf a cédé ce qui avait fait jusque-là sa force : sa personnalité adossée sur les réalités du continent africain. Depuis quatorze ans, la Can a été bouleversée pour satisfaire les caprices d’un football européen qui la conduit tranquillement vers les abimes, avec l’aide de la Caf qui est sensée la protéger. Voyons donc d’où tout cela est parti.
L’acte d’admission de la Can aux urgences de l’hôpital du calendrier international des compétitions, a été signé en mai 2010.
La Caf a alors annoncé, que la Can devra se déplacer vers les années impaires, pour éviter que le tournoi n’ait plus lieu la même année que la Coupe du monde ! Comment personne à ce moment, n’a compris que la Fifa faisait un aveu d’impuissance. A la vitesse de développement et de popularité galopante de la Can, elle pourrait lui faire ombrage dans émotions des supporters, mais surtout un embouteillage de sollicitations auprès des annonceurs, qui commençaient de plus en plus à s’intéresser à la Can. Car quel était le problème que posait une compétition qui se joue en Janvier, et une autre aux mois de Juin et Juillet, même si c’était la même année ? En plus depuis 1962 en Ethiopie que la Can avait retrouvé les années paires, elle s’était très bien jouée les mêmes années que les Coupes du monde sans souci non ? Les meilleures performances camerounaise en 1990 et sénégalaise en 2002, avaient été réalisées les années où ces équipes avaient disputé la Can, avant d’aller en Coupe du monde. Qu’est-ce qui hantait donc à ce point la Fifa, pour obliger la Caf à aller vers les années impairs ? Il y avait un autre piège tendu, que les responsables de la Caf de l’époque, n’avaient pas vu. Cette première demande, était le début d’un processus de reformes de la Can, que la Fifa préparait à son insu. Il fallait passer de la can biennale, à la Can tous les quatre ans, mais surtout, déménager de janvier à juin, pour satisfaire les grands clubs d’Europe, qui étouffaient pendant la période de la Can, de perdre ses merveilles africaines. Vu ainsi, la Can jouée la même année que la Coupe du monde, devait poser un gros problème. C’était le plan, malheureusement qui ne tenait compte ni des réalités, ni du contexte africain. Et c’est depuis cette « révolution » des années impaires, que la Can, n’a plus jamais connu de stabilité dans son organisation. Celle de 2025 prévue au Maroc, n’y échappera pas. Malheureusement !
Après donc la Can 2012 coorganisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale et prévue avant l’annonce de la « révolution », il fallait enchainer tout de suite, avec la Can 2013.
Première conséquence de ce bouleversement pour l’Afrique, les vainqueurs des Can 2010, 2012 et 2015, respectivement L’Egypte, la Zambie et la Côte d’Ivoire, ont été privés de Coupe des Confédérations, qui a subi sa petite révolution aussi, au détriment des réalités de la Can. En fait, tous ces aménagements, n’avaient pas pour objectif, de faire passer le football africain à un autre pallier. La tourmente va donc s’emballer dès lors pour le football africain, le destin et les contingences, jouant aussi leurs partitions. C’est loin d’être le fait du hasard, que tout cela arrive à partir de ce moment. La Can d’après en 2015, initialement prévue au Maroc, va être déplacée à quelques semaines du début de la compétition, en Guinée Equatoriale. Le Maroc qu’on soupçonnait à tort ou à raison d’être en intelligence à la Fifa, brandit le danger de l’épidémie du Virus Ebola qui sévit en Afrique de l’ouest, pour demander un report de dates. La Caf s’y oppose et transfère le tournoi en Guinée Equatoriale. Deuxième déplacement manu militari de la Can en l’espace de deux ans, parce en 2013, elle était prévue en Lybie. Mais la guerre civile qui y faisait rage, rendait impossible cette éventualité. La Can devenait officiellement Sans domicile fixe ! La Lybie encore elle, doit accueillir la Can 2017. Mais la guerre bat son plein, et la Caf est obligée de déplacer la Can en urgence au Gabon.
Remarquez très bien que depuis le passage aux années impairs, la Can n’a plus été organisée normalement.
Soit le pays organisateur change, soit la période prévue est simplement décalée. Bis repetita en 2019 ! Le Cameroun n’est pas prêt, la Can se déplace en Egypte. Le Covid va aider cette tradition d’instabilité. La Can 2021 se joue en 2022, celle de 2023 se joue en 2024…curieusement les années paires, et cela n’a dérangé personne à la Fifa que celle de 2022 se joue la même année que la Coupe du monde, qui avait été évoquée comme l’argument premier de la migration vers les années impaires.
Arrêtez ce cirque ! celle de 2025 n’y échappera pas.
Cela ne dépend pas de vous. Il y a une laisse de chien, qui tient la Can depuis une décennie, et lui fait faire la balade, où elle veut et comme elle veut. La Coupe du monde des clubs, est juste l’autre argument qui en rajoute au mépris qu’on a du football africain. On a bien bouleversé le calendrier de la Coupe du monde, pour permettre au Qatar d’organiser la compétition à des dates inhabituelles. Si la Can était si importante à leurs yeux, on en ferait de même pour cette fameuse Coupe du monde des clubs. Il vous faut encore un dessin ?
Martin Camus MIMB